L'Histoire s'écrit au présent. De nos jours, elle est consignée par les médias, à chaud, désormais plus que dominateurs pour cette tâche par la puissance technologique, seule capable de conserver une telle masse d'informations dans la durée, aidée en cela par la révolution numérique et ses supports de l'écrit, l'audio et l'image (de plus en plus prégnante). Et les livres s'élèvent au-dessus de la mêlée pour discuter de ces questions contemporaines. Sauf que le temps qui manque au plus grand nombre n'en fera qu'une affaire de spécialistes, les livres, d'ici à quelques décennies puis siècles ! Et les médias, là encore, seront chargés de les départager, ce jour-là... Un Ourouboros qui se nourrit de lui-même, ce serpent mythique qui se mord la queue (éternel recommencement) et qui ne se nourrit, in fine, que de lui-même. Qui pourra le contredire : quelques voix perdues dans le désert ? Quelques voix de plus en plus inaudibles au fil du temps, poussières au milieu du chaos sidéral d'un Numérique sans frontières, un écho s'éloignant des sources, et dont la parole sera noyée dans ce même déluge que le futur nous annonce affranchi de toute tutelle ainsi que le laisse deviner l'intelligence artificielle et l'avènement du règne du " Tout-expert ", à qui il suffit d'avoir un compte sur une des multiples applications de libre expression populaire, pour le meilleur et (surtout) le pire. Il faut gagner cette bataille, à tout le moins, la mener, s'agissant des peuples qui ne se racontent plus depuis le temps où on leur a appris qui ils étaient. Là encore, ce terrain est déjà préempté par ceux qui en ont conscience, car la narrative du passé est la clé pour une domination du futur. Elle construit les êtres, leurs goûts, idéologies et modèles. Nous sommes donc témoins aujourd'hui. Demain, on discutera de nos discussions. C'est la guerre de l'information. Et ceux qui ont des milliers de médias et des sphères d'influence plus étendues, par leur histoire et leurs langues, la diffusion des savoirs, la formation des élites et l'alignement sur leurs positions, conçoivent leur version comme vérité. C'est le même modus operandi qui a justifié leur expansion aux quatre coins du monde. Mais les blocs civilisationnels se reforment, et de nouvelles alliances se nouent, qui influent déjà sur les équilibres futurs. D'où l'hystérie actuelle des 30 Alignés, autant d'alliés qui rassemblent l'essentiel du gotha mondial des esclavagistes, colonialistes, impérialistes et autres fabricants et marchands de fer et de poudre, battant pavillon démocratique. Mais les cales de ces navires débordent de civilisations étouffées. C'est à partir de ces vérités que l'on pourra discuter des responsabilités de chacun, de Droit et d'humanité. Haïti se meurt encore, le Congo en décrépitude tandis que le Sahel mène sa bataille, à la vie, à la mort. Qui dira leurs maux demain ?
Gabriel Mbarga
Kidjidji Média
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